Allons vite vers le « nous connectés » et la data mutualisation !

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L’arrivée du big data, dans l’univers des assurances, ne se fait pas sans débats. Quand on parle exploitation des données individuelles par les assureurs, les Français voient encore majoritairement le profit de l’assureur, la personnalisation du risque et l’ajustement de la cotisation d’assurance. Certains évoquant clairement un risque permettant un système d’assurance à deux vitesses, excluant tous les clients potentiellement risqués. On a nettement l’impression de revenir quelques années en arrière, lorsque les gens débattaient autour des données partagées sur les réseaux sociaux. Sauf que dans ce cas, ce n’est plus uniquement d’adresses mails personnelles ou de noms partagés qu’il s’agit, mais de la diffusion de données qui peuvent toucher notre intimité.  Les débats contradictoires sont nécessaires et riches d’enseignement.
Peu d’individus se posent la question de l’utilisation des données (de santé également) et du profit de la plupart des sites qui captent nos données dans nos mails, par notre navigation, et souvent encore en dépit de toute réglementation. Par exemple, nous n’avons pas de certitudes sur ce qu’a le droit de faire une startup qui collecte des données !
De toute façon, une myriade de données personnelles est rendue publique par nous, volontairement ou involontairement. Nos données sont à portée de clics, elles sont facilement captables grâce à une simple navigation sur Internet et aux cookies qui les accompagnent, des algorithmes de plus en plus prédictifs, traquent nos données et sont en mesure de les utiliser à notre détriment. En trois clics sur certains sites, par exemple, plus de 100 cookies sont collectés. Sans parler de vos mails, décachetés, lus et copiés pour capter des données qui seront commercialisées.
Une culture Big Data permet d’enrichir les données endogènes avec celles de sources exogènes.
Il n’est pas concevable ni souhaitable d’accumuler toujours plus d’information, de datas, mais plutôt de se donner de nouveaux angles de vue en s’appuyant principalement sur quatre sources principales de données exogènes :
-Des datas provenant de nos comportements, de nos navigations, … dans nos utilisations privées d’Internet,
-Des « insights » des médias sociaux : sentiments, communautés, diffusion d’informations, retours produits,
-De l’open data : données publiques mise à disposition par les organismes publics
-De l’internet des Objets : Informations provenant d’objets connectés.
Les datas exogènes pour les assureurs
La multiplication des données permet d’affiner les offres, les services et les tarifs. Ainsi, grâce au recueil d’informations, il est possible de mieux appréhender la sinistralité d’un logement. En étudiant des données météorologiques, des données liées aux catastrophes naturelles ou à la sécurité, les compagnies d’assurance peuvent mieux évaluer les risques. Cette différentiation est sans nul doute un avantage. Cependant, malgré une explosion des données, la connaissance parfaite des classes de risque reste utopique. Il est donc plus réaliste de supposer que l’assureur dispose ou disposera d’un ensemble de variables explicatives plus ou moins important mais non exhaustif.
L’apport de ces données en complément des données endogènes, permet aux assureurs, par exemple de :
-Connaître plus précisément des comportements pour affiner au plus près les garanties et les prix, en temps-réel.
-Lutter contre la fraude en identifiant des comportements anormaux.
-Devancer la résiliation d’un contrat ou un besoin nouveau.
-Augmenter la conversion de souscription en ligne.
-Permettre d’offrir de la prévention, des conseils ou un accompagnement vraiment personnalisés.
Data de santé, la data pour soi !
La quête de la connaissance de soi n’est pas un fait social nouveau, rappelez-vous la devise « Connais-toi toi-même » reprise par Socrate. La connaissance de soi, permise par la quantification de soi est un ensemble de méthodes visant à collecter et à utiliser soi-même certaines variables concernant son propre corps et son propre comportement.
Cela caractérise également l’octroi de plus de pouvoir aux individus ou groupes pour agir sur certaines conditions qu’ils subissent. La quantification de soi vise à restituer aux individus la capacité à se regarder, à se surveiller. Les individus sont prêts à leur propre surveillant. Dans la notion d’autosurveillance, la personne qui se quantifie est proactive. On voit d’ailleurs de plus en plus se répandre l’idée d’une connaissance et d’une maîtrise de soi par les chiffres. Il faut d’ailleurs intégrer le fait que les générations qui viennent n’auront même pas conscience de cette quantification de soi : les capteurs seront déjà intégrés. Par exemple, les vélos nouvelle génération sont tous équipés de capteurs qui quantifient directement les utilisateurs, ils n’ont même plus besoin de s’équiper pour mesurer leurs performances.
Data de santé, la data pour tous !
Nous générons de la data pour nous, mais devons la générer, aussi, pour une collectivité d’individus. Le moi connecté et quantifié fait intervenir une dimension publique sociale voir communautaire à travers le partage des données. La collecte massive des données de santé présente un vivier inédit pour la recherche scientifique et pour résoudre des problèmes de santé qui peuvent être bénéfiques pour tous. Le partage de nos données de santé peut générer quelque chose de totalement différent et participer à la construction d’un mieux vivre ensemble. Le partage, par exemple, de données de santé de milliers d’individus exposés localement à un risque sanitaire, peut dégager rapidement un bénéfice individuel et collectif. Cette approche indispensable du « nous connectés » apporte une vision sociale moins « égoïste » que le « moi connecté » qui fait d’ailleurs le succès de la dernière génération d’objets connectés portatifs. Avec une somme considérable de données individuelles anonymisées à portée collective, les enjeux du « nous connectés » dépassent largement ceux  du  » moi connecté « .
Alors que certains assureurs évoquent le fait que le Big Data redéfinit la mutualisation des risques, nous pouvons entrer dans une séquence complémentaire, différente, plus ambitieuse et probablement plus convaincante pour les farouches « opposants » de l’utilisation, par les assureurs, de la data personnelle. L’agrégation de l’intelligence des datas de santé, leur rapidité de transmission permettront non seulement la connaissance de soi mais surtout une data mutualisation, pour le bénéfice partagé de tous.
Les Assureurs, ont un rôle à jouer, il faut qu’il se construise un capital de confiance numérique, probablement soutenus par des plateformes externes qui permettront de restaurer un climat de confiance, de garantir sécurisation des échanges, protection de l’identité et de la mémoire numérique.
Contact : Jean-Luc Gambey 
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