Vous êtes un dirigeant d’entreprise, d’une compagnie d’assurance qui va être bicentenaire dans 9 ans – La Parisienne Assurances, vous êtes féru de technologie, vous êtes aux avant-postes de la transformation des entreprises, mais d’où venez-vous et qui êtes-vous réellement Olivier Jaillon ?
Je suis un homme du sud de la France et après des études plutôt orientées commerce et business, je me suis tout de suite passionné pour la technologie. J’ai même appris à coder tout seul. Professionnellement, les principaux jalons de mon parcours sont mon arrivée à Paris au moment du décollage Internet, le démarrage d’un cabinet de courtage en assurance et le lancement du premier site de vente d’assurances en ligne en France au tout début 1999.
Parlons plutôt du chef d’entreprise. Nous nous fabriquons tous grâce à notre éducation, grâce à nos rencontres grâce à quelques personnes que l’on a pu côtoyer dans notre vie personnelle, professionnelle. Est-ce votre cas ?
Absolument. Il y a deux personnes qui ont fondamentalement compté dans mon parcours. La première était un commercial du cabinet de courtage familial dans lequel je travaillais dans le sud de la France. Il m’a fait croire en moi et m’a dit que le sud de la France était probablement trop petit pour moi, que j’avais le droit d’exister sur un terrain de jeu beaucoup plus grand. Puis, après quelques années aux commandes de La Parisienne, une deuxième personne m’a faire comprendre, au bon moment, qu’il fallait complètement transformer le modèle de l’assurance et m’a permis, ainsi de prendre mon deuxième envol.
Être entrepreneur, c’est souvent traverser de multiples épreuves, sur le plan professionnel et personnel. Est-ce votre cas ?
Ma vie a basculé à la suite d’un échec professionnel aux USA et à un burn-out. Il y a 11 ans j’ai entamé un véritable travail sur moi et pour mieux me connaitre. Je suis convaincu qu’il est important d’apprendre en permanence, d’avoir une capacité d’écoute profonde et d’améliorer sa capacité d’interaction avec les autres.
Il est parfois difficile de se relever d’un échec entrepreneurial ?
Il faut accepter l’idée que l’échec est consubstantiel à l’audace, à la prise de risque. « Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme« , affirmait Winston Churchill. Chaque entrepreneur doit valoriser sa quote-part d’échec. Face à l’adversité il n’existe pas de recette miracle. Il faut prendre le parti de tirer les leçons de ces expériences, pour recommencer, différemment. Certains échecs de ma vie d’entrepreneur m’ont enseigné que finalement 90% de la réussite repose sur l’exécution et non pas forcément sur la stratégie. La méthodologie et l’exécution prévaut sur l’idée et je peux aujourd’hui vous confirmer que je fais davantage confiance à ceux qui ont déjà connu des échecs.
Je vous ai entendu dire qu’il faut être un « voleur d’idées » ?
Oui, au quotidien nous rencontrons énormément de gens, qui viennent de toutes les sphères et de tous les milieux. Il faut tous les écouter très attentivement. Chaque personne que l’on rencontre dans son quotidien d’entrepreneur peut être inspirante.
Quelle est votre qualité majeure ?
Sans aucun doute la résilience. Plutôt que de nier les évènements ou de s’enfoncer dans la l’amertume à cause d’eux, il faut les regarder en face pour ressortir plus fort de ses expériences et rester ainsi optimiste et confiant.
Votre principal défaut ?
L’impatience. Je suis à la fois extrêmement méthodique et bouillonnant, impatient que les choses se fassent. Bien utilisée, l’impatience peut cependant être un trésor d’énergie.
Qu’est-ce qui vous motive le matin en vous réveillant ?
Ce n’est clairement pas l’argent. L’aventure humaine, rencontrer des gens différents, passionnés, engagés. Découvrir, être émerveillé, surpris, remettre en question ses croyances et ses habitudes… être tourné vers la différence et l’altérité. Echanger, parfois s’accrocher et ne pas être d’accord.
Vous parlez beaucoup de capital humain, c’est juste un effet de mode ?
Nous ne pouvons rien faire sans l’Homme. La technologie, notamment, n’est rien sans l’Homme, de même que nous ne pouvons pas déshumaniser un modèle économique. D’ailleurs, les nouvelles générations veulent trouver un équilibre et cherchent systématiquement à donner du sens à l’entreprise, celle-ci devant pivoter en même temps que la société. Il n’y a donc pas d’effet de mode. Nous devons impérativement comprendre les évolutions de la société, il faut lutter contre le « gaspillage » du capital humain de certaines entreprises et faire de l’excellence opérationnelle et de la performance individuelle, un sujet de fond.
Au-delà du capital humain, l’entreprise a un rôle économique et sociétal ?
Sans aucun doute. Historiquement, le rôle sociétal de l’assureur est majeur. Aucune société développée ne peut avancer sans un minimum de protection. L’assurance est essentielle pour préserver nos familles, notre santé, nos déplacements, nos investissements, nos entreprises, nos maisons, nos revenus futurs, … ! L’assurance est, ne l’oublions pas, un puissant stabilisateur social pour les ménages et les individus confrontés à des chocs imprévus, accidentels. Par ailleurs, il y a quelques temps, nous avons créé des solutions de protection inclusives, solidaires et à marge nulle, pour les populations les plus fragiles. Notre objectif est qu’ils atteignent 5 % de notre chiffre d’affaires sous 36 mois en France afin d’entrainer de nouveaux acteurs dans cette voie. De plus, nous allons adopter le statut d’entreprise à Mission pour faire la démonstration de l’impact que nous avons sur la société et sur les gens. C’est une fierté collective de contribuer à rendre l’assurance transparente et impactante.
Vous êtes un Président de Conseil d’Administration qui est devenu par sa propre volonté, Chief Enablement Officer, pourquoi ?
Mon ambition est d’aider les équipes à réaliser leurs missions tous simplement. Ce qui m’anime c’est l’aventure humaine, avec les autres, la construction d’un projet avec des gens qui ont des parcours différents et complémentaires afin d’en faire ressortir la valeur individuelle et collective. L’important est la réussite et celle-ci passe par la diversité, la parité et la co-construction entre des profils différents.
Olivier Jaillon, qu’est-ce que vous aimeriez que l’on dise de vous aujourd’hui
J’aimerais que l’on dise que je suis profondément humain et bienveillant. C’est ce que je suis fondamentalement, même si je crois que je peux apparaître parfois un peu dur, impatient ou exigeant. Je suis profondément attaché à l’humain, et je pense toutefois que cela transparait dans mes interactions.
Pour terminer, si vous aviez un super pouvoir ?
L’ubiquité. J’ai envie d’être partout, à plusieurs endroits au même moment et j’aimerais pouvoir être au cœur de plusieurs projets à la fois.
ITW réalisé par Jean-Luc Gambey – L’assurance en mouvement – Vovoxx
[…] : « L’assurance est un puissance stabilisateur social » (Itw de Olivier Jaillon, CEO de La Parisienne Assurances, in L’assurance en mouvement) […]