Vers la transition verte, les mutuelles en tête ?

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Alors que les prix européens de l’énergie continuent de monter en flèche en raison de la militarisation du gaz russe par Poutine, l’UE développe une intervention majeure pour alléger le fardeau financier intérieur. Bruxelles prévoit d’imposer une contribution de solidarité à l’industrie des combustibles fossiles à hauteur de 140 milliards d’euros, taxant essentiellement les bénéfices excédentaires pour l’exercice 2022 générés par la reprise économique post-pandémique.

Comme l’a souligné le porte-parole de l’énergie de la Commission européenne, Tim McPhie, la solution à long terme pour la sécurité énergétique européenne ne consiste pas simplement à remplacer la dépendance au gaz russe par la dépendance à un autre fournisseur, mais à augmenter la production nationale de sources alternatives.

EU Policies continue en expliquant que la crise de l’énergie pose de sérieux défis à court terme, mais pourrait finalement accélérer la transition vers l’énergie verte, car les gouvernements et les entreprises relocalisent de plus en plus les chaînes d’approvisionnement au niveau national. Ces changements structurels du marché de l’énergie créeront de nouvelles opportunités, ainsi que de nouveaux risques. Le secteur de l’assurance aura donc un rôle important à jouer pour les atténuer et avec une vision stratégique à long terme et une approche fondée sur des valeurs, les mutuelles sont particulièrement bien placées pour conduire le verdissement de l’énergie en Europe.

L’assurance comme moteur d’une économie plus forte et plus verte

Alors que les effets du changement climatique avaient déjà mis en évidence l’urgence de s’éloigner des combustibles fossiles, les perturbations de la guerre en Ukraine ont rendu cette nécessité plus tangible. Cependant, la construction et l’exploitation des nouveaux actifs énergétiques qui alimenteront ce changement s’accompagnent de risques et de désincitations financières pour les entreprises, les investisseurs et les consommateurs.

Un nouveau rapport de Swiss Re a identifié le potentiel du secteur de l’assurance pour faciliter la transition verte en couvrant ces risques et obstacles. Le domaine s’est déjà imposé comme un moteur de la croissance économique en offrant une protection auprès des entreprises à haut risque et à haut rendement qui créent des emplois et des infrastructures d’énergie renouvelable à faible émission de carbone.

Ces dernières années, ce secteur a pris conscience de la nécessité de développer de nouveaux produits innovants pour alimenter un avenir à faible émission de carbone, y compris des solutions sur mesure pour les développements d’énergie verte, les bâtiments durables, les transports propres et les investissements dans les énergies renouvelables.

Au-delà de la couverture d’assurance verte ou même de la réduction de l’empreinte carbone opérationnelle, les compagnies d’assurances agissent également comme des investisseurs d’impact importants dans les infrastructures d’énergie verte et d’autres interventions durables, contribuant ainsi à accélérer la transition vers une énergie propre.

Les mutuelles en tête

Des interventions vertes particulièrement encourageantes émergent dans le secteur de l’assurance mutuelle, dont les entreprises sont détenues par des assurés plutôt que par des actionnaires.

Par exemple, Covéa, premier groupe mutualiste français, développe des produits sur mesure pour aider ses clients à contribuer à la décarbonation et à l’efficacité énergétique, notamment par la rénovation verte des logements et des entreprises, les véhicules électriques et la réparation automobile avec des pièces de réemploi. En exploitant son rôle d’investisseur, le groupe finance aussi des projets et des entreprises durables qui contribuent à la transition énergétique. À travers Covéa Solis, l’un de ses quatre fonds d’investissement environnementaux, il investit dans des projets européens d’énergies propres et d’efficacité énergétique, tandis que son parrainage de l’initiative « Ensemble pour un avenir durable » du Collège de France soutient la recherche innovante pour des projets bas carbone.

Achmea, compagnie d’assurance néerlandaise et troisième mutuelle européenne, s’est également engagée activement dans la transition verte, animée par les mêmes valeurs de responsabilité sociale. Grâce à son cadre de financement vert, Achmea garantit que les fonds collectés avec l’émission d’obligations vertes sont investis dans des projets d’énergie durable, en particulier dans l’amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments résidentiels et commerciaux aux Pays-Bas. De plus, en tant que partie prenante de l’accord néerlandais sur l’énergie pour une croissance durable, Achmea investit dans des projets d’énergie renouvelable et aide les entreprises bénéficiaires à réduire leurs émissions de carbone.

Au niveau de l’impact sectoriel plus large, les membres de la Fédération internationale des coopératives et mutuelles d’assurance (ICMIF) avaient investi 576 milliards de dollars dans les investissements durables en 2020, dépassant largement l’objectif de 400 milliards de dollars fixé en 2014 pour l’ensemble du secteur de l’assurance. En outre, en 2020, les organisations de l’ICMIF ont augmenté leurs investissements dans les énergies renouvelables de plus de 100 % par rapport à 2019, contribuant ainsi à maximiser l’impact du secteur de l’assurance mutuelle sur la transition énergétique verte.

Différence durable de modèle mutualiste

Compte tenu de la nature à long terme de cette transition, les mutuelles sont particulièrement bien placées pour y contribuer.

Les mutuelles ont un avantage clé et fondamental sur les sociétés d’assurances par actions, à savoir qu’elles sont guidées par les intérêts de leurs membres et assurés. En bref, les intérêts de leurs organes directeurs et de leurs clients sont alignés, ce qui signifie que les mutuelles peuvent utiliser leur connaissance approfondie des besoins des assurés pour développer des solutions sur mesure à des prix abordables.

À l’inverse, les sociétés par actions sont animées par les intérêts de leurs actionnaires, les obligeant à se concentrer sur les bénéfices à court terme et à verser des dividendes, ce qui a également pour effet de créer un clivage entre les intérêts des actionnaires et ceux des clients.

L’absence de pression d’une focalisation sur le profit à court terme et les versements fréquents de dividendes permettent aux mutuelles d’adopter une approche à plus long terme, centrée sur les personnes, tant au niveau de la gestion que de la stratégie d’investissement.

Fondamentalement, cette approche exige que les mutuelles construisent et maintiennent des positions financières solides, leur permettant de faire des investissements à long terme dans des solutions d’énergie verte tout en assurant aux clients un soutien en cas de catastrophe. Qui plus est, la transition énergétique générera des revenus élevés grâce à de nouveaux produits d’assurance que le secteur pourra réinvestir dans des solutions énergétiques renouvelables, et une meilleure protection des assurés contre les risques climatiques de plus en plus fréquents.

Avec le changement climatique et l’aggravation de la crise énergétique européenne créant un besoin urgent d’énergie verte produite localement, l’industrie de l’assurance est devenue un élément crucial de la solution. En développant une nouvelle couverture pour les chaînes d’approvisionnement en énergie verte et en capitalisant sur leurs importantes réserves financières pour investir dans des projets durables, les mutuelles peuvent compléter les initiatives de sécurité énergétique et de décarbonisation de l’UE tout en créant de bonnes opportunités d’emploi pour les communautés locales.

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