Société Générale Assurances : « RSE by Design », opérer une transformation culturelle de l’entreprise

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Transformer son activité et ses process pour y intégrer les principes du développement durable et devenir ainsi « RSE by Design » : voici l’ambition que s’est fixée Société Générale Assurances. Grâce à l’intelligence collective et des méthodes de design thinking, la direction RSE de la société a mené avec ses parties prenantes internes une démarche opérationnelle portée par un mot d’ordre : la culture du changement. Assurance for good a souhaité rencontrer Mahamane Touré, Directeur RSE de Société Générale Assurances. Entretien.

Pour commencer pouvez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours professionnel ?

J’ai rejoint Société Générale Assurances en 2008 en tant que Chef de mission en audit interne. Ce poste m’a permis d’avoir connaissance des différentes activités et métiers, de rencontrer les collaborateurs… J’ai ensuite occupé le poste de Responsable Risques opérationnels et compliance, avant d’avoir l’opportunité de devenir Directeur RSE en 2018. La RSE, au même titre que l’audit ou la gestion des risques, est une fonction vraiment transversale, qui nécessite une bonne connaissance de l’activité et une vision d’ensemble. C’est la raison pour laquelle ce poste m’a été proposé, et c’est aussi ce qui m’a tout de suite intéressé.

Société Générale Assurances veut faire de la RSE un véritable marqueur stratégique autour de 3 axes structurants et d’une ambition transformante. Cet enjeu et le plan d’action associé que vous avez déployé se traduit par une ambition : devenir « RSE by Design ». Avant d’entrer dans les détails de cette démarche, pourriez-vous nous dire quel a été l’élément ou l’événement déclencheur de ce projet ?  

La direction de la RSE a été créée dès 2018 pour répondre à notre conviction que la RSE devait être au cœur de notre stratégie et ainsi mettre en place un fil rouge qui sous-tendrait l’ensemble de nos actions.

Nous avons eu la conviction qu’on ne serait pas à la hauteur des enjeux actuels en continuant de séparer RSE et business. Pour vraiment prendre en compte les enjeux RSE spécifiques à notre activité, en tant qu’employeur, assureur et investisseur, nous avons fait le constat que nous devions transformer la façon de faire de l’entreprise.

C’est ainsi qu’est né le projet « RSE by Design », qui vise à prendre en compte nativement les enjeux RSE dans tous les process de l’entreprise. Nous avons présenté cette vision à notre Direction Générale qui a tout de suite adhéré au projet et à son ambition.

Comment avez-vous déployé cette démarche ? Quelles ont été les principales étapes ?

La première étape a été de se questionner sur ce que signifiait vraiment pour nous d’être « RSE by Design », compte tenu de notre activité et de nos spécificités.

Nous avons défini 5 grands thèmes sur lesquels nous souhaitions nous concentrer, pour décliner concrètement cette démarche : IT, Investissements, RH, Relation clients et Création de produits. Pour chacun de ces 5 thèmes, nous avons décliné des objectifs, auxquels nous avons adjoint des plans d’actions et des indicateurs de suivi/de réalisation. L’objectif final étant que pour chacun de ces thèmes, la RSE soit intégrée dans l’ensemble des process et que les prises de décisions tiennent compte de ces enjeux.

Par exemple, pour les investissements, en complément des décisions fortes prises depuis plusieurs années en faveur d’une finance responsable, le travail a consisté à faire évoluer les procédures et les outils pour que les enjeux RSE soient systématiquement intégrés dans toutes les prises de décisions.

Pour le pilier IT, un de nos objectifs est de promouvoir une IT faible en carbone et qui soit accessible aux personnes en situation de handicap. Pour ce faire, nous avons notamment modifié notre schéma directeur informatique, changé les processus de conception des outils, et mis à jour les règles de développement pour que les règles de Green IT y soient systématiquement intégrées.

Concrètement, nous avons souhaité une démarche de terrain et avons ainsi mis en place des ateliers avec des experts métiers pour définir ces plans d’actions. Ces ateliers réunissaient 10 à 15 collaborateurs autour d’un leader pour chacun des thèmes. La sélection des participants s’est faite sur la base du volontariat. Nous avons envoyé un mail à l’ensemble de la communauté, afin d’expliquer notre ambition, et nous avons eu environ 80 retours positifs de collaborateurs·trices (managers ou directeurs) qui se sont manifestés. Sur chacun des cinq thèmes, nous avons organisé 3 à 4 ateliers de 2 heures, au début desquels nous avons pris le temps d’expliquer ce que signifiait concrètement la RSE et ce que cela impliquait pour nous.

Du questionnement initial à la production des plans d’actions, quels ont été les jalons clés de ce projet ?

Le projet est toujours en cours. Le lancement a eu lieu fin 2020, les ateliers ont été menés début 2021, et a suivi tout un travail de définition des plans d’actions, des indicateurs, de priorisation, jusqu’au deuxième trimestre 2022. Depuis, nous sommes en phase de mise en œuvre et nous nous donnons jusqu’à fin 2024 pour un déploiement complet sur les 5 thèmes.

Nous comprenons que la transformation culturelle et la transformation du modèle économique ont été les principaux défis pour mener à bien ce projet. Y en a-t-il eu d’autres ?

La difficulté, a été de traduire nos intentions dans des plans d’actions opérationnels, actionnables, que nous puissions suivre : c’est ce qui a pris le plus de temps. Une autre difficulté a été de trouver de la disponibilité auprès de nos intervenants. Néanmoins, le fait d’avoir le soutien de la Direction Générale dans la démarche a été, à mon sens, le plus grand facteur clé de succès.

Est-ce que vous avez déjà eu l’occasion de communiquer en interne ?

Nous avons mis en place un plan de communication dès juin 2021, pour permettre de mener à bien l’étape cruciale qu’était la mise en œuvre de la conduite du changement. C’est une transformation qui n’est possible que si l’ensemble des collaborateurs sont embarqués. Nous partageons les messages clés, organisons des conférences, des challenges, des jeux… autour de cette démarche RSE by Design.

Vous avez eu des feedbacks des collaborateurs ? Vous avez le sentiment que l’accueil a été positif ?

Tout à fait, et par ailleurs nous sensibilisons régulièrement nos collaborateurs car nous pensons qu’il est primordial qu’il y ait un socle de connaissances commun au sein de l’entreprise pour que la démarche soit un succès.

Par exemple sur les enjeux du réchauffement climatique à ce jour, 30% des équipes ont été sensibilisées à travers la Fresque du Climat.

Notre ambition est que tout le monde fasse de la RSE sans s’en rendre compte. C’est ça « RSE by Design » : intégrer la RSE au quotidien, dans les process et les activités, pour que cela devienne naturel.

Ce projet permet également de rassembler de manière cohérente toutes les initiatives que nous avions déjà menées. Je pense notamment à la labellisation de certaines de nos offres avec l’Institut de l’Economie Positive qui nous avait déjà challengé sur les critères RSE au cœur de nos offres.

Quelles sont les prochaines étapes ? À court terme ? À plus long terme ?

À court terme, les prochaines étapes consistent à poursuivre la mise en œuvre et le pilotage des plans d’actions. Le défi reste celui d’une transformation culturelle de l’entreprise qui passe également par la sensibilisation de tous, de la communication, l’organisation d’ateliers, de serious game, etc.

Nous avons initié cette démarche avec les 5 grands thèmes qui nous semblaient les plus importants, mais c’est une dynamique d’amélioration continue, et notre ambition à long terme c’est d’étendre cette démarche à d’autres parties de l’entreprise, jusqu’à ce que toute l’entreprise se transforme.

Interview réalisée par Sophie Laxenaire

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