Luc Delage figure dans le palmarès 2023 des Talents de l’Assurance. Directeur général adjoint du groupe MAIF, il partage avec nous sa vision des métiers et des talents de l’assurance.
Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre métier ?
En tant que Directeur général adjoint du groupe MAIF, j’anime un collectif de 200 personnes en charge du pilotage des équilibres économiques et de la sécurisation juridique des activités. Cela recouvre notamment la production de l’information financière (comptabilité, provisionnement, reporting réglementaire), la définition et la mise en œuvre de la stratégie financière (allocation d’actifs, pilotage technique, couverture en réassurance, financement, M&A), la maîtrise des coûts (animation des processus budgétaire, achats) ou encore la gestion des risques.
Quel est le chemin qui vous a mené à ce métier ?
Au sortir de Normal Sup’, je souhaitais mettre mes compétences en finance et en actuariat au service de l’intérêt collectif. C’est ce qui m’a conduit à rejoindre l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, sur des missions de supervision d’organismes d’assurance et de management. L’ACPR constitue un excellent poste d’observation du secteur et permet d’avoir une vue d’ensemble du fonctionnement d’un organisme d’assurance, chose assez rare quand on entame son parcours professionnel. Après six ans, j’ai souhaité rejoindre une compagnie d’assurance pour occuper des fonctions plus opérationnelles. J’ai eu la chance de rejoindre la MAIF, d’abord auprès de son Directeur général, Pascal Demurger, comme Directeur de cabinet, avant d’évoluer comme Directeur du Pilotage, de la Tarification et de la Data puis comme Directeur général adjoint.
Que vous apporte votre métier ? En quoi vous plaît-il ?
Je me dis souvent que j’ai la chance de vivre un moment « d’alignement » professionnel. J’exerce un métier dont j’aime la technicité et la transversalité. J’ai le sentiment d’apporter une contribution utile à mes collègues et à la MAIF, entreprise qui elle-même cherche à avoir un impact positif autour d’elle. Le tout dans un climat apaisé et bienveillant.
Si vous deviez « convaincre » de nouveaux talents pour rendre attractif votre métier que leur diriez-vous ? Et pour rendre attractif le secteur de l’assurance en général ?
L’assurance a la particularité d’être un miroir de l’économie et des grandes transformations de la société. C’est particulièrement le cas s’agissant du dérèglement climatique, dont les assureurs sont aux avant-postes. Cela donne à notre secteur une responsabilité particulière pour comprendre et éclairer les phénomènes à l’œuvre, en mesurer les conséquences, mais aussi agir pour en limiter l’impact au plan individuel et collectif.
Depuis que vous exercez votre métier, en quoi a-t-il évolué ?
J’ai pris mes nouvelles fonctions il y a un an environ au sortir de la crise sanitaire Covid 19. Après cet évènement hors norme, nous pensions alors entrer dans une période de relative accalmie en termes de pilotage économique. Évidemment, rien ne s’est passé comme prévu. La guerre en Ukraine a fait exploser l’inflation, nous ramenant à des niveaux que nous n’avions pas connus depuis les années 1980. Les banques centrales ont logiquement réagi, effaçant en quelques mois l’équivalent de dix ans de baisse continue des taux. Cela a généré une forte pression sur la liquidité et la valeur de certaines classes d’actifs, et plus largement, un climat de fébrilité sur les marchés financiers. Ajoutons à ça un coût des climatiques sans précédent en 2022 et le durcissement brutal du marché de la réassurance qui s’en est suivi, cela dessine un environnement qui nécessite toute l’attention d’un directeur financier !
Comment envisagez-vous les évolutions et l’avenir de votre métier ?
La fonction finance est confrontée à deux enjeux extrêmement forts. Le premier est l’enjeu économique. Dans cette période de très fortes incertitudes, elle a pour responsabilité d’éclairer la prise de décision afin d’assurer la compétitivité de son entreprise et sa pérennité sur le long terme. Elle doit aussi contribuer, au travers de ses missions, à des questions plus larges, et en particulier à la lutte contre le dérèglement climatique et à l’atténuation de ses conséquences. De plus en plus, le directeur financier devra trouver des solutions innovantes pour dépasser cette tension entre recherche de performance et d’impact.
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