Pascal Demurger et la transformation de l’assurance

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La transformation de l’entreprise est probablement assez protéïforme. Il peut s’agir de la transformation de sa gouvernance ou de son organisation, de son rôle sociétal et environnemental, de la dimension produit et servicielle, des systèmes d’information et de l’intégration des nouvelles technologies, de la distribution et la relation clients, de la mutation/hybridation des compétences, du modèle économique,… . Pascal Demurger, dans notre secteur « se transformer », selon vous est-ce seulement changer, évoluer, s’adapter, ou devenir autre chose, devenir autre ? Pourquoi ?

Il y a 2 manières de concevoir la transformation d’une entreprise. La première, la plus évidente et pragmatique, consiste à s’adapter aux attentes des consommateurs. L’objectif final étant ainsi, par exemple, d’améliorer son organisation interne pour devenir plus efficient, de moderniser et simplifier l’expérience utilisateur, ou encore de proposer des produits et services mieux adaptés aux nouvelles tendances du marché.
Le second type de transformation n’est pas quant à lui motivé par des raisons utilitaires, il est une réponse à un besoin de sens. L’entreprise s’interroge ainsi, au-delà de son objet social, sur sa raison d’être, son apport au sein de la société. Pour notre secteur de l’assurance, cela consiste à nous interroger sur notre rôle social. L’essence même de notre activité n’est-elle pas d’amortir les chocs, individuels ou collectifs ? Nous en avons d’autant plus pris conscience au printemps 2020 lorsque, dès les premières semaines de pandémie, les regards se sont tournés vers les assureurs. Cette introspection forcée aura au moins eu le mérite de nous rappeler notre rôle social. Ainsi, paradoxalement, pour le secteur de l’assurance, la véritable transformation c’est de redevenir lui-même.

Pour vous la transformation d’une entreprise est-elle un processus fini et planifiable, ou un mouvement perpétuel ? Pourquoi ?      

La transformation vue comme une adaptation aux attentes du marché est forcément un processus continu. Pour ne pas être rapidement dépassé et se trouver en position de fragilité, il faut être toujours à l’écoute des consommateurs, des nouvelles tendances.
De même, la transformation motivée par une recherche de sens doit également être un mouvement perpétuel. Dans cet objectif, il convient d’avoir mis en place une organisation interne et un système de pilotage de l’entreprise qui permette de s’interroger constamment sur le sens de ses actions. A la Maif, l’adoption du statut d’entreprise à mission nous a ainsi permis de réfléchir collectivement à notre rôle social et aux engagements que nous voulions prendre. Mais c’est ensuite la déclinaison de cette raison d’être à toutes les échelles de l’entreprise qui nous a véritablement conduit à nous transformer. Ainsi, chacun peut désormais réfléchir à sa propre contribution au projet collectif et chercher à mettre en place, dans son quotidien professionnel, des actions à impact positif.

Vous faites partie des 50 transformers* du secteur de l’assurance. Les professionnels ont probablement signifié votre capacité à porter des convictions, donner de nouvelles directions, à initier/piloter des transformations, à incarner le mouvement … . D’un point de vue professionnel, quels sont les ingrédients indispensables à la transformation d’une entreprise du secteur de l’assurance ? Pourquoi ?        

Les ingrédients indispensables à la transformation d’une entreprise du secteur de l’assurance sont selon moi le sens, l’attention sincère et le courage d’agir.
Il s’agit ainsi tout d’abord de savoir quel est le sens de notre action. Cela consiste à avoir une vision de ce que sera la société demain et de la façon dont nous pourrons y contribuer.
Ensuite (ce n’est pas pour rien qu’il s’agit de la raison d’être de la Maif !), il faut être, toujours, dans l’attention à l’autre, qu’il s’agisse de ses collaborateurs, de ses clients ou même de ses partenaires, d’autant plus que tout est lié : l’attention à l’un rejaillit forcément sur les deux autres ! C’est ce qui permet ainsi d’établir une relation de confiance avec ses différentes parties prenantes et donc une transformation réellement opérante et efficiente. Pour se transformer, une entreprise a besoin du soutien et de l’implication de tous.
Enfin, changer demande aussi du courage car il faut être capable de remettre en cause des acquis, de se placer, temporairement, dans des situations transitoires inconfortables ou encore de prendre des décisions difficiles. A la Maif, nous avons appris à renoncer à des promesses de rentabilité immédiate au bénéfice de notre performance de long terme, comme ce fut le cas en mars 2020 lorsque nous avons décidé de rembourser nos sociétaires de l’équivalent de 100M€ d’économies de sinistres.
Ainsi, une transformation réussie implique de rester cohérent et aligné autour de ses valeurs. Se transformer ce n’est pas se perdre !

Pour conclure ?

J’ajouterais qu’à mon sens, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la clé d’une transformation réussie au sein de notre secteur n’est pas une recherche de taille et de puissance.
Au contraire, puisqu’il faut conserver une certaine agilité, permettant de s’adapter en continu, mais aussi une capacité à s’interroger en permanence sur sa singularité propre et le sens de son action, cela ne peut se faire qu’en ayant des marges de manœuvre et donc une réelle indépendance. C’est, selon moi, la clé pour perdurer  !
 
Réalisé le 16/07/2021 – Jean-Luc GambeyVovoxx

*Pascal Demurger est dans la communauté des 50 “Transformers” de l’Assurance.

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