Mobilisation en faveur de la féminisation du secteur numérique

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Comme nous l’évoquons dans l’article, « Les femmes invisibles dans le secteur numérique français », le 07 novembre 2023, le Haut Conseil à l’Égalité (HCE) a publié un rapport qui a mis en lumière la pénurie de Talents féminins dans les métiers du numérique et les stéréotypes sexistes persistants dans le domaine.

Pourtant, des voix se lèvent depuis plusieurs années déjà et des initiatives ont vues le jour pour répondre à l’urgence de féminiser les métiers et la filière du numérique. 

La place des femmes dans le secteur public numérique

Pour accompagner les agentes publiques de la tech dans leur évolution de carrière au sein de l’État, la direction interministérielle du numérique intervenant sous l’égide du ministère de la Transformation et de la Fonction publiques a lancé en septembre dernier la nouvelle promotion du programme ADA (anciennement Talents féminins du numérique) d’accompagnement au développement professionnel des agentes du numérique de l’État.

Durant 5 mois, les 12 participantes, issues d’autant d’entités publiques, sélectionnées suite à l’appel à candidatures de juin 2023, ont été accompagnées par des coachs professionnelles conscientes des enjeux du numérique et maîtrisant l’environnement spécifique qu’est la fonction publique.

Concrètement, les participantes ont bénéficié de coachings collectifs et individuels visant à : identifier des forces, développer des stratégies concrètes pour faire progresser leurs carrières, améliorer leurs compétences en communication, networking et gestion du changement et profiter du soutien d’un groupe de paires travaillant dans le numérique d’État.

Stéphanie Schaer, directrice interministérielle du numérique et marraine de cette nouvelle promotion a précisé dans un webinaire la nécessité pour l’État de disposer d’un pouvoir d’attractivité fort permettant de recruter et fidéliser des agents et agentes publics du numérique permettant d’assurer à l’État la réussite de ses grands projets de transformation. Une mission qui a été menée par le nouveau département de la Dinum : « DRH de la filière numérique ».

On compte 54 % de femmes au sein de la fonction publique d’État, selon l’Inspection générale des finances – Conseil général de l’économie, mais seulement 25 % dans les effectifs du numérique public.

Femmes@Numérique fait entendre sa voix au plus près des territoires

De son coté, Femmes@Numérique a décidé d’investir les territoires en développant des partenariats avec des écosystèmes régionaux. En effet, après ses premières Assises nationales de la féminisation des métiers et filières numériques, qui ont réuni près de 400 acteurs associatifs et institutionnels en Mars 2023, Femmes@Numérique a tenu une séance publique en marge de son assemblée générale annuelle.

Henri d’Agrain, président de la Fondation Femmes@Numérique, en a profité pour présenter ses prochaines initiatives de déploiement : « La première étape consiste à déployer notre démarche dans les territoires. Je constate qu’on parle souvent de féminisation des métiers du numérique dans des cercles très sympathiques où tout le monde est acquis à la cause et a une bonne connaissance du sujet. Cet entre-soi à se féliciter sur ce sujet ne mesure pas, à mon sens, l’urgence d’agir, non pas entre nous, mais directement dans tous les territoires. Pour qu’aucune petite fille, collégienne et lycéenne ne s’entende pas dire au long de son parcours scolaire : « le numérique offre des métiers faits pour toi. Ils n’ont pas de genre et tu les réussiras aussi bien, sinon mieux que les garçons ».

Les objectifs du collectif « Women In Tech for future »

Enfin, pour encourager la féminisation du secteur numérique, le collectif « Women In Tech for future » a été créé, lors du Web summit 2023 à Lisbonne, à l’initiative de Numeum, en partenariat avec la fondation Femmes@Numérique et la CCI Paris Ile-de-France. 

Elles étaient 24 dirigeantes françaises à Lisbonne ; le pavillon France au sommet a atteint une parité totale, un signe fort de l’engagement du consortium pour l’égalité. Il a la volonté d’améliorer la visibilité et de soutenir les femmes de la Tech dans le développement de leur business, et d’ouvrir la voie aux générations futures. 

« Les femmes entrepreneuses ont aujourd’hui un rôle modèle majeur à jouer et la création de ce consortium est une formidable avancée collective, qui pérennisera notre action, souligne Soumia Malinbaum, vice-présidente de la CCI Paris Ile-de-France et présidente de la CCI Paris.

3 objectifs : visibilité, soutien et attractivité

Maylis Staub, présidente de la commission Femmes du Numérique de Numeum et fondatrice de Pocket Result à présenté ses trois objectifs : « Le premier objectif de la création de ce collectif est de faire de la visibilité sur le terrain, en participant à plusieurs grands événements internationaux chaque année,. Le second est de faire levier pour le business des membres du collectif, qui sont pour la plupart fondatrices de boîtes tech (les autres ayant des postes de direction dans des ETI). Le troisième est d’être la preuve par l’exemple auprès des jeunes filles et de leurs proches, et ainsi les orienter vers le numérique. Nos posts sur LinkedIn relatifs au Web Summit ont fait 3,5 millions de vues, touchant des parents et proches de jeunes filles. »

Outre les événements internationaux, le consortium organise des afterworks ouverts à toutes les femmes de la tech susceptibles d’être ou de devenir membre du consortium. Ceux-ci se veulent pratiques, le premier en décembre a porté sur les financements, d’autres porteront notamment sur des retours d’expérience.

Accélérer la féminisation du secteur

Maylis Staub veut également accélérer le mouvement de féminisation, alors que les chiffres actuels sont médiocres : « S’il y a 30 % de femmes qui travaillent dans l’écosystème numérique en France – un chiffre inférieure à d’autres pays de l’UE où il oscille de 33 à 35 % – la progression de ce taux est aussi plus faible que dans d’autres pays de l’UE. Et les métiers très techniques sont très peu féminisés dans l’Hexagone : 11 % de femmes dans la cybersécurité, moins de 10 % dans l’intelligence artificielle et l’informatique quantique. Or, les biais de genre présents dans les intelligences artificielles génératives contribuent à renforcer les stéréotypes femmes-hommes. Par exemple, ChatGPT, sur un prompt demandant une image de groupe de femmes d’influence, va générer une image de femmes, mais portant toutes des talons aiguilles… »

Elle poursuit en rappelant que le manque de mixité est une des causes majeures de la non-attractivité de la tech chez les femmes : « Le monde de la tech est un « tuyau percé », car des femmes quittent les écoles d’ingénieurs ou le secteur. Le sexisme ordinaire, voire pire, ça peut dégoûter. La remise en cause de compétences, ça peut être violent psychologiquement. »

Alors qu’il y a une pénurie de talents, le secteur se prive de talents féminins. Par exemple, la grande majorité des femmes qui souhaitent se reconvertir ne pense pas au numérique. A Numeum, Femmes du Numérique aide les adhérents et les recruteurs à embaucher des femmes en reconversion dans le domaine, en particulier sur les nouveaux métiers.

Faire tomber les barrières

Véronique Torner, présidente de Numeum, PDG d’Alter Way, groupe Smile, est déterminée : « C’est ensemble que nous pourrons faire tomber certaines barrières qui empêchent les jeunes femmes de s’orienter vers les métiers du numérique et accompagner les femmes actives dans le domaine du numérique pour développer leur réseau et leur business » 

Elisabeth Moreno, présidente de la Fondation Femmes@Numérique, conclut : « Je me réjouis de ce magnifique partenariat utile et nécessaire pour attirer, retenir et accroître le vivier de femmes participant au développement du numérique en France. Unir nos forces pour accompagner les jeunes filles et les femmes de tout âge à 360 degrés, du collège au lycée en passant par l’entreprenariat et jusqu’à la reconversion professionnelle, voilà une ambition forte que nous sommes heureuses de porter ensemble. Un écosystème renforcé, pour les femmes françaises dans le numérique, basé sur la force du collectif est né à Lisbonne au Web Summit 2023. Rejoignez-nous ! »

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